Parcours pédagogiques
Ce parcours pédagogique propose un parcours de l’oeuvre en 7 étapes, parmi lesquelles figurent trois lectures analytiques. Ce travail s’adresse donc en priorité à des élèves de 6e.
Nous proposons d’étudier quatre contes extraits du recueil paru au Livre de Poche : Les Nouveaux Habits de l’empereur, La Petite fille aux allumettes, La Petite sirène, La Princesse sur le pois.
Le choix des contes a été dicté par une double volonté. La première était d’appréhender la spécificité mais aussi la diversité de l’univers d’Andersen. La seconde était de proposer des contes brefs dont l’intrigue ne constituerait pas une difficulté pour les élèves et d’autres plus longs avec une trame narrative plus complexe.
Sont développées ici les étapes 3, 4, 5 et 6, correspondant notamment aux lectures analytiques.
Étape 1 : des contes ?
L’objectif de cette première étape est de réactiver les connaissances des élèves, qui serviront à définir le genre du conte et le merveilleux. On procèdera notamment par questions à la classe : qu’est-ce qu’un conte ? quels titres de contes connaissez-vous ? quels auteurs ?
On pourra ensuite utiliser une illustration d’un conte d’Andersen (Celle-ci par exemple : http://media.photobucket.com/image/illustration%20conte%20andersen/krotchka/cygnessauvages3.jpg ) À l’oral, on demandera aux élèves une description succincte. On les interrogera sur l’histoire, sur les éléments que l’on en retrouve dans l’illustration. On demandera également à la classe quels élements semblent relever du merveilleux.
À partir des réponses des élèves, on procèdera à une synthèse sur le conte et le merveilleux.
Étape 2 : Les Nouveaux Habits de l’empereur, conte merveilleux ?
L’objectif ici est annoncé par le titre : il s’agira de montrer en quoi le conte que l’on propose de lire aux élèves est un conte merveilleux. On en étudiera la structure narrative. On posera des questions sur l’intrigue, les personnages, le sens et la morale de la fin de l’histoire. On demandera aux élèves de relever les éléments du récit qui concernent l’époque, le lieu, les personnages, le merveilleux enfin. Les indications de temps seront également identifiées.
On pourra proposer un tableau, avec les entrées suivantes : Quelle est la situation au début de l’histoire ? Quel événement lance l’histoire ? Que se passe-t-il en suite ? (liste des événements) Quel événement prépare la fin ? Quelle est la situation à la fin de l’histoire ?)
Étape 3 : Les Nouveaux Habits de l’empereur : Une facétie ?
L’humour est présent dans de très nombreux contes d’Andersen et c’est, une fois encore, une caractéristique qui le différencie de Charles Perrault et des frères Grimm. Avec Les Nouveaux Habits de l’empereur, Andersen s’exerce même à la satire et au conte facétieux. Avec simplicité, concision et humour, il raille ici la vanité des gens de pouvoir et la veulerie de ceux qui les entourent.
I – Compréhension générale
1. Quelle est la passion de l’empereur ? Trouvez deux adjectifs pour qualifier l’empereur.
2. Quels personnages arrivent un jour dans la ville ? Quelle profession prétendent-ils exercer ?
3. Par quel mot le narrateur désigne-t-il ces personnages ? Qu’est-ce que cela révèle ? Proposez/Recherchez des synonymes de ce mot.
4. Que proposent ces personnages à l’empereur ? Quelle est la particularité de l’étoffe qu’ils utilisent ?
5. Quels personnages l’empereur envoie-t-il pour constater la progression de ses habits ? Comment réagit chacun de ces deux personnages ? Pourquoi ?
6. Pour quelle raison l’empereur ne va-t-il pas lui même faire ce constat ?
Éléments de réponse
L’empereur n’a qu’une seule passion dans l’existence, ses vêtements. Il s’agit d’une préoccupation de tous les instants (« Il ne s’occupait…ses nouveaux habits »).
Un jour deux hommes arrivent dans la ville, ils se disent tisserands (« qui se firent passer pour tisserands »). Le narrateur les désigne par le nom d’« escrocs ». Leur malhonnêteté est mise en évidence, on peut d’ores et déjà supposer qu’elle va semer le trouble. Les termes de voleurs, bandits, malfaiteurs, vauriens, charlatans, filous…sont des synonymes possibles (il peut être judicieux ici d’introduire la notion de niveau de langue). Ces deux personnages proposent à l’empereur de lui tisser des habits avec une étoffe dont la particularité est qu’elle demeure invisible aux sots et aux incapables (« invisibles pour toute personne…bêtise inadmissible »).
L’empereur envoie successivement son ministre et un fonctionnaire pour constater l’avancement du travail des deux hommes. Tous les deux s’extasient devant la richesse et la finesse de l’étoffe alors qu’ils ne voient rien. L’avouer serait effectivement le signe de leur incompétence et de leur bêtise. Si l’empereur n’effectue pas lui même cette démarche dès le départ c’est par crainte de ne rien voir (même si le narrateur précise « Ce n’était pas qu’il doutât de lui même »).
II – Lecture analytique du passage « Bien, je suis prêt, répondit l’empereur…la traîne qui n’existait pas ».
7. Que fait l’empereur après avoir été « habillé » ? Pourquoi est-ce comique ?
8. Que font les chambellans au moment de la sortie de l’empereur ? Pourquoi est-ce comique ?
9. Dans un premier temps, quelle est la réaction de la foule ? Comment s’explique-t-elle ?
10. Pourquoi la foule finit-elle par changer d’avis ? Quel proverbe est illustré par cette fin ?
11. Comment réagit l’empereur ? A votre avis, pourquoi ?
12. Selon vous, quelle leçon, quelle morale doit-on retenir à la lecture de ce conte ?
13. Complétez le tableau suivant à partir des trois premières phrases du passage :
Verbes conjugués
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Infinitif
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Groupe
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Personne
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Mode/Temps
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Éléments de réponse
Sitôt « vêtu » l’empereur se mire dans la glace (« il se tourna encore une fois devant la glace »). Le comique tient bien évidemment fait qu’il est totalement nu. De même, à la sortie de l’empereur, les chambellans font mine de soulever puis de tenir sa traîne. L’absence d’étoffe et le geste vain produisent aussi un effet comique.
Au départ, la foule s’émerveille devant la « tenue » de l’empereur : « Comme les nouveaux habits de l’empereur sont splendides ! Comme la traîne en est gracieuse ». De même que le ministre et le fonctionnaire elle ne peut se résoudre à l’aveu qui signerait sa bêtise. C’est la parole de l’enfant : « Mais il n’a rien sur lui ! » qui amène la foule à reconnaître cette évidence. On pourra ici introduire la notion de proverbe et amener les élèves à s’interroger sur celui qui postule que « La vérité sort de la bouche des enfants ». L’empereur quant à lui reste drapé dans sa dignité « il pensa qu’il fallait qu’il tienne…plus fièrement encore », considérant sans doute que réagir aux propos de l’enfant le rendrait encore plus ridicule.
Verbes conjugués
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Infinitif
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Groupe
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Personne
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Mode/Temps
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Suis
répondit
Est
Tombent
Tourna
Voulait
Eût
admirait
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Etre
Répondre
Etre
Tomber
Tourner
Vouloir
Avoir
Admirer
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Aux
3ème
Aux
1er
1er
3ème
Aux
1er
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1ère sing
3ème sing
3ème sing
3ème plur
3ème sing
3ème sing
3ème sing
3ème sing
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Indicatif Présent
Indicatif Psimple
Indicatif Présent
Indicatif Présent
Indicatif Psimple
Indicatif Imparfait
Subjonctif Imparfait
Indicatif Imparfait
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Un rappel sur les valeurs, l’emploi et la conjugaison des temps du récit au passé peut ici être fait (ainsi que sur les valeurs du présent).
Étape 4 : La petite fille aux allumettes : une critique de la société ?
Hans Brix, auteur en 1907 d’une thèse consacrée à Andersen, livre quelques pistes sur la genèse du conte. Il écrit ainsi : « Le 18 novembre 1845, Andersen était l’hôte du duc d’Augustenborg et vivait chez lui dans une surabondance et une festivité princières lorsqu’il reçut une lettre qui l’invitait à écrire un conte pour une illustration à choisir parmi trois qu’on lui envoyait. Il choisit une gravure sur bois qui représentait une petite fille tenant un paquet d’allumettes soufrées. La gravure l’avait fait penser, par contraste à sa propre vie si heureuse d’alors, à la vie misérable de sa mère, enfant, qu’on envoyait mendier et qui avait passé toute une journée sous un pont sans manger » .
Une fois encore, Andersen nourrit son inspiration de ses souvenirs d’enfance et de l’histoire familiale. Nous retrouvons de même la mélancolie et le tragique qui font la singularité de certains de ses contes. Enfin, Andersen met ici sa plume au service de la critique sociale, critique d’une société cruelle, injuste et indifférente au sort des plus faibles.
I – Lieux et temps
1. A quelle période de l’année se déroule cette histoire ? Relevez deux indices dans les trois premières phrases.
2. A quel moment de la journée se déroule cette histoire ? Relevez deux indices dans les trois premières phrases.
Cette histoire se déroule en hiver, la veille du jour de l’an (« froid terrible », « neige », « dernier soir de l’année », « veille du jour de l’an », « froid »). Elle se déroule plus précisément le soir (« la nuit n’était pas loin », « soir », obscurité »).
II – L’héroïne
3. Dans quelle situation la petite fille se trouve-t-elle au début du conte ?
4. Pour quelle raison se trouve-t-elle dans la rue ? Pourquoi ne rentre-t-elle pas chez elle ?
5. Que décide de faire la petite fille ?
6. Que se passe-t-il alors ? Que voit-elle ?
7. Combien de fois répète-t-elle ce geste ? Indiquez ce qu’elle voit à chaque fois.
8. Relevez les expressions désignant le personnage principal de cette histoire. Que cherche à faire le narrateur avec certaines d’entre elles ?
9. Complétez le tableau suivant à l’aide des mots et expressions utilisés pour caractériser la petite fille :
Aspect général / attitudes
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Vêtements
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Corps
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10. Selon vous, que cherche à faire le narrateur ?
Éléments de réponse
La petite fille est dehors, très légèrement vêtue et déchaussée (« la tête et les pieds nus », « ses petits pieds nus », « vieux tablier »). Elle n’ose rentrer chez elle car elle n’a vendu aucune allumette et s’expose ainsi aux coups paternels (« Son père la battrait »). Transgressant ses obligations elle décide de craquer une allumette pour se réchauffer. Une première vision s’offre alors à elle : « un grand poêle de fer orné de boules étincelantes » qui « chauffait si bien ». Elle décide alors de craquer trois autres allumettes et accède ainsi à trois autres visions :
- seconde allumette : une salle manger, une table dressée, une oie rôtie
- troisième allumette : un magnifique arbre de noël
- quatrième allumette : sa grand-mère décédée (« qui n’était plus de ce monde », interroger les élèves sur le sens de cette expression).
Il peut être ici l’occasion de faire observer aux élèves que ces quatre visions correspondent très précisément à ce qui manque à cette petite fille, à tout ce dont elle est privée (la chaleur d’un foyer, un repas, la fête de noël, sa grand-mère décédée). Il y a un antagonisme évident entre la réalité et les visions, ce que révèle l’étude des champs lexicaux (voir III). Enfin, il semble y avoir une progression dans la succession de ces visions.
Le narrateur utilise plusieurs expressions pour désigner la petite fille : « une petite fille », « pauvre petite », « la petite », (« le petit cadavre »). Ces expressions visent manifestement à susciter, à exacerber la compassion du lecteur. Ceci se retrouve aussi dans les termes et expressions qualifiant cette enfant :
Aspect général / attitudes
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Vêtements
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Corps
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« elle s’assit », « se blottit », « repliant ses petites jambes », « la petite fille était assise », « un sourire à la bouche », « assis là », « morte ».
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« tête et pieds nus », « avait des pantoufles »
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pieds « rougis », « bleuis », « bien misérable mine », « longs cheveux blonds si gentiment bouclés dans son cou », « petites mains presque mortes de froid »,, « les joues toutes rouges », « petit cadavre »
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III – Rêve et réalité
11. Relevez deux exemples de phrase exclamative. Indiquez pour chacune le sentiment qu’exprime le narrateur. Que cherche-t-il à faire ?
12. Relevez 4 expressions qui décrivent ce que vit la petite fille dans la réalité. Quel champ lexical est dominant ?
13. Relevez 4 expressions qui décrivent ce qu’elle voit quand elle brûle une allumette. Quel champ lexical est dominant ?
14. Quel est l’effet produit par l’opposition de ces deux champs lexicaux ?
15. Qu’arrive-t-il à la petite fille à la fin du conte ? Que pensez-vous de cette fin ? de la réaction de ceux qui la découvrent ?
16. Une telle histoire pourrait-elle se dérouler de nos jours ?
17. A votre avis qu’a voulu faire Andersen en écrivant ce conte ? Est-ce encore d’actualité ?
Éléments de réponse
Il faisait vraiment un froid terrible ! > effroi
Pauvre petite ! > pitié, compassion
Ah ! qu’une petite allumette aurait pu leur faire du bien ! > souhait
Elle en tira une : pfft …comme elle brillait ! comme elle brûlait ! >admiration, étonnement
C’était une curieuse lumière ! > étonnement
Le feu y brûlait si magnifique, il chauffait si bien ! > admiration, satisfaction
elle vit la grand-mère debout, avec un air si doux, si radieux ! > admiration
« La petite fille cheminait…pieds nus…bleuis de froid » / « étendait déjà ses pieds pour les chauffer »
« Elle avait bien faim » / « une oie rôtie farcie de pruneaux et de pommes »
« Elle s’assit et se blottit dans un coin, entre deux maisons » / « Elle se vit alors assise sous le plus magnifique arbre de Noel »
« son père la battrait » /la grand-mère debout, avec un air si doux, si radieux »
Plusieurs champs lexicaux peuvent être relevés à partir de ce relevé. La réalité c’est la souffrance, l’abandon, la misère alors que les visions sont caractérisés par le bien-être, l’abondance, l’amour (grand-mère).
Comme souvent chez Andersen aucune morale n’est formulée. L’ensemble des procédés relevés sont en revanche au service d’une critique de la société danoise de l’époque et des conditions dans lesquelles vivent les plus modestes.
Étape 5 : La petite sirène : la magie en action
Contrairement aux Nouveaux Habits de l’empereur ou à La Petite fille aux allumettes, La Petite sirène est un conte peuplé de créatures imaginaires évoluant dans un monde magique où se mêlent de merveilleux fonds marins et d’inquiétantes recettes de sorcière.
Après avoir lu le conte à la maison, quelques élèves en feront un résumé à l’oral puis l’ensemble de la classe répondra par écrit aux questions suivantes :
I – Un décor merveilleux
1. Quel type de paysage est décrit au début du conte ?
2. Établissez la liste des éléments décrits. Relevez s’il y a lieu les expansions du nom qui s’y rapportent et indiquez leur fonction (adjectif épithète, complément du nom, relative…).
3. Citez des éléments qui en font un lieu magique / merveilleux.
4. Relevez une comparaison dans le premier paragraphe. Que met-elle en valeur ?
5. Quels personnages évoluent dans cet univers ?
Éléments de réponse
Le paysage décrit est un fond marin tout à fait exceptionnel : incroyablement profond, il y pousse des plantes et des arbres des « plus bizarres » et on y trouve un château fait de corail et de coquillages. Il présente toutes les caractéristiques du merveilleux. La comparaison « pure comme le verre le plus transparent » souligne la dimension exceptionnelle et féerique des lieux. Les personnages sont tout aussi magiques : le roi de la mer, sa vieille mère (dont la queue est ornée d’huitres) et les six petites filles, « toutes des princesses charmantes ».
II – Une héroïne, des épreuves
1. Par quoi la petite sirène est-elle attirée ?
2. Que doit-elle attendre avant de pouvoir accomplir son rêve ?
3. Par quoi ses sœurs sont-elles impressionnées lorsqu’elles atteignent la surface ?
4. Que découvre la petite sirène une fois hors de l’eau ?
5. Quel événement lui permet de sauver la vie du jeune prince ?
6. Qui vient récupérer le corps du prince sur le rivage ?
7. Comment la petite sirène retrouve-t-elle l’endroit où habite le prince ?
8. Que lui apprend sa grand-mère sur « le monde d’en haut » ?
9. Quelle solution propose la sorcière pour rejoindre le monde des humains ? Quels sacrifices la petite sirène doit-elle consentir ?
10. Détaillez la vie de la petite sirène dans le château du prince.
11. Qui le prince choisit-il de prendre pour épouse ?
12. Quelle péripétie intervient après la cérémonie de noces, alors que la petite sirène s’apprête à mourir ?
13. Résumez la fin de l’histoire.
Éléments de réponse
La plus jeune d’entres elles, la petite sirène, est captivée par « le monde d’en haut » et par ses habitants. Il lui faut néanmoins patienter avant de le découvrir puisque les sirènes doivent attendre l’âge de quinze ans avant de pouvoir s’y rendre. Lorsque l’ainée put monter à la surface, elle fut impressionnée par la vue de la ville, de ses lumières et des ses clochers.
La seconde fut éblouie par le coucher du soleil, la troisième par les paysages de collines et de forêts, la quatrième par l’étendue de la surface de l’eau et par le ciel, et la cinquième par les icebergs qui flottaient à la surface de l’eau.
La petite sirène, très impatiente après avoir entendu le récit de ses sœurs, vécut certainement l’expérience la plus intense : elle découvre en sortant de l’eau un navire à trois mâts sur lequel un prince jeune et beau fête son anniversaire : tout n’est que chants, rires et danses.
Alors qu’une tempête vient interrompre la fête et faire sombrer le bateau, la petite sirène porte secours au jeune prince qui se noyait et le ramène jusqu’à la terre ferme. Mais c’est une jeune fille qui découvre ensuite le corps inanimé du prince et qui le ramène à la vie.
C’est grâce à l’une de ses sœurs et après leur avoir raconté son histoire que la petite sirène retrouve le prince et son château. Son admiration pour le prince et sa curiosité croissante pour le monde des hommes la poussent à questionner sa grand-mère qui lui apprend que si les hommes ont une vie plus courte que la leur, leur âme en revanche est immortelle.
La petite sirène, bien décidée à rejoindre le monde des hommes, consulte la sorcière qui lui propose un breuvage capable de transformer sa queue de sirènes en jambes humaines. Elle devra en contrepartie supporter d’atroces souffrances dès qu’elle marchera et, pire encore, elle doit abandonner sa belle voix à la sorcière en échange du breuvage.
La petite sirène consent à ces sacrifices et rejoint le prince dans son château. Ce dernier se prend d’affection pour elle, la couvre de précieux vêtements et l’emmène à travers les campagnes et les montagnes. Mai le prince décide finalement de prendre pour épouse la fille du roi voisin qu’il va rejoindre sur son navire.
La cérémonie de noce est superbe, sauf pour la petite sirène, qui s’apprête à mourir, ayant été incapable de gagner l’amour du jeune prince. Mais un dernier rebondissement laisse croire à un possible retournement de situation : les sœurs de la petite sirène sont allées voir la sorcière et ont obtenu en échange de leur chevelure un marché terrifiant. La petite sirène survivra au mariage du prince si elle accepte de le poignarder avant le lever du jour qui suit la noce. Cela lui est impossible, et comme l’avait annoncé la sorcière, elle se transforme en écume dès les premiers rayons du soleil. Elle se retrouve alors dans un monde immatériel, celui des « filles de l’air » qui lui promettent une âme immortelle si elle s’efforce de faire le bien pendant les trois cents années qui suivent.
Étape 6 : La Petite sirène : Les noces du prince
Lecture analytique d’un passage :
« La petite sirène lui baisa la main… Ils se retirèrent dans la magnifique tente, en se tenant par le bras ».
« La petite sirène lui baisa la main… Ils se retirèrent dans la magnifique tente, en se tenant par le bras ».
Le passage proposé se situe vers la fin du conte. Le sort de la petite sirène semble scellé puisqu’en épousant la princesse, le prince réduit à néant ses chances de survie. La petite sirène est alors condamnée à se transformer en écume au lendemain des noces.
Dans cet extrait, le faste de la cérémonie et la joie partagée par les convives s’opposent à la souffrance intérieure de la sirène : une souffrance physique, puisqu’elle a décidé de danser, doublée d’une souffrance morale car elle sait qu’elle va mourir.
1. Montrez, au début et à la fin de cet extrait, que la petite sirène éprouve deux sentiments opposés.
2. Dans la première partie de l’extrait, la cérémonie décrite est fastueuse. Relever les mots composant le champ lexical du luxe.
3. La petite sirène souffre en silence et sans que le prince ne se doute de rien. Quels sacrifices a-t-elle fait pour en arriver là ?
4. « C’était la dernière nuit (…) qu’elle voyait la mer profonde et le ciel bleu et étoilé». A quels mondes renvoie cette phrase ? La petite sirène se sent-elle appartenir à l’un de ces deux mondes ?
5. Que signifie l’expression : « une nuit éternelle sans pensée ni rêve l’attendait » ?
6. Montrez que la mort hante l’esprit de la petite sirène pendant toute la cérémonie.
7. Trouvez dans l’extrait un synonyme pour chacun des mots suivants : la mariée, le bateau, la joie, le luxe.
8. Ce passage constitue une épreuve pour la petite sirène. Etablissez la liste des épreuves qui se présentent à elle dans le conte.
Éléments de réponse
La petite sirène participe à la fête et est magnifiquement habillée au point que l’on pourrait penser que c’est elle la mariée, « habillée de soie et d’or ». C’est évidemment ce qu’elle aurait souhaité, et elle est constamment tiraillée entre la nécessité de paraître belle auprès du prince et ses tourments intérieurs : « La petite sirène lui baisa la main, et elle croyait déjà sentir son cœur se briser. » On retrouve cette dichotomie à la fin du passage : « elle rit et dansa avec la pensée de la mort dans le cœur ».
Le faste de la cérémonie est souligné à plusieurs reprises dans ce passage, comme pour bien marquer l’opposition entre l’abondance qui s’offre au regard et le profond désarroi que ressent la petite sirène. Le champ lexical du luxe est ici essentiel : « huile parfumée, précieuses lampes d’argent, habillée de soie et d’or, musique grandiose, les coussins les plus moelleux, faste ».
Contrairement au prince, le lecteur connaît les sacrifices consentis par la petite sirène et est à même de comprendre et de percevoir son désespoir : non seulement ses jambes la font atrocement souffrir, mais en plus elle a dû renoncer à sa magnifique voix et ne peut faire part de ses sentiments à celui qu’elle aime. On note dans ce passage une pointe de regret devant ces sacrifices inutiles : « elle pensait (…) à tout ce qu’elle avait perdu dans ce monde ». Et il s’agit bien du monde des hommes ici, ce monde tant désiré, « d’air et de ciel bleu » qui s’oppose au monde des sirènes qu’elle n’aurait probablement jamais dû quitter et qu’elle va aussi perdre à présent, le monde de « la mer profonde ».
L’idée de mort ne la quitte bien évidemment pas, le mot est répété deux fois, et l’image d’une « nuit éternelle sans pensée ni rêve » vient rappeler de façon cruelle que l’échéance approche.
La mariée est aussi désignée par l’épousée, le bateau par le vaisseau, la joie par la gaieté, le luxe par le faste.
Étape 7 : évaluation – La Princesse sur le pois
Le choix de ce conte se justifie par sa brièveté. Les élèves pourront ainsi travailler sur l’intégralité du texte. Il s’agit de revoir les notions abordées au cours de la séquence.
Après une lecture à voix haute de l’intégralité du conte, les élèves seront amenés à traiter les questions suivantes :
Questions
1. Le schéma narratif. Complétez le tableau suivant en plaçant correctement le nom des étapes ainsi que leur contenu :
Noms des étapes
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Contenu des étapes
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Noms des étapes : situation finale – Péripéties – Elément perturbateur/déclencheur – Situation initiale – Elément équilibrant.
Contenu des étapes : Un soir, une princesse se présente – La mère du prince est désormais sûre qu’il s’agit d’une princesse – Un prince souhaite se marier avec une véritable princesse – Le prince et la princesse se marient – La mère du prince cache un pois sous vingt matelas et édredons – Le lendemain la jeune princesse dit avoir mal dormi .
2. Relevez les éléments merveilleux de ce conte.
3. Quelle épreuve fait de ce récit un conte ?
4. Qu’est-ce qui justifie cette épreuve ? Justifiez votre réponse à l’aide du texte.
5. « Un soir, il faisait un temps horrible…le vieux roi alla ouvrir ». Relevez les verbes conjugués et indiquez leur groupe, temps et valeur.
6. Relevez un élément qui donne une dimension humoristique à ce conte. A votre avis, de quoi se moque Andersen ?
Rédaction
Malgré la réaction de la jeune fille, la mère du prince n’est pas tout à fait sûre qu’il s’agisse d’une princesse. Vous raconterez deux autres épreuves (péripéties) imaginées par la mère et réécrirez la situation finale du conte.
Votre texte fera une vingtaine de lignes et vous utiliserez les temps du récit au passé.