LA CIVILISATION, MA MÈRE !...
Driss Chraïbi

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Historique rapide du Maroc

Le nom arabe al-maghrib dérive de al-maghrib al-aqsa qui signifie « le pays du couchant lointain ».
Le même terme arabe Maghreb (traduction littérale :« là où le soleil se couche ») désigne le Maroc ainsi que les quatre autres pays d’Afrique du Nord (Lybie, Algérie, Tunisie, Mauritanie). Après les Phéniciens et les Romains, les Arabes se sont installés dans cette région entre le viie et le viiie siècle et ont converti les Berbères à l’Islam.
Le Maroc est un état dont les origines remontent à la fondation de Fès par Idriss Ier au VIIIe siècle. Le nom français Maroc dérive de la prononciation espagnole Marrakech (Marruecos), ville fondée en 1070 et qui fut la capitale de trois dynasties marocaines (almoravide, almohade et saadienne).


647 : début des conversions à l’Islam après l’arrivée des cavaliers arabes
711 : début de la conquête de l’Espagne
789 : fondation de Fès par Idriss Ier (dynastie des Idrissides)
1062 : fondation de Marrakech par Youssef Ben Tachfine (dynastie des Almoravides)
1130 : dynastie des Almohades
1134-1199 : règne de Yacoub Al Mansour (surnom qui signifie le victorieux). Construction de la Tour Hassan à Rabat, de la Koutoubia à Marrakech et de la Giralda à Séville
1258 : dynastie merinide
1554 : dynastie saadienne
1664 : avènement de la dynastie alaouite (encore au pouvoir). Le plus célèbre des sultans Alaouites est Moulay Ismaïl. Il a été surnommé le Louis XIV marocain.
14 août 1844 : bataille d’Isly, première grande défaite face à l’armée française
30 mars 1912 : début du Protectorat français
1921-1926 : les Rifains (de la région du Rif au Maroc) dirigés par l’émir Abdelkrim s’opposent à l’établissement du Protectorat. Ils infligent de sévères défaites à l’Espagne et à la France mais seront finalement écrasés par le maréchal Pétain. Ce sera la fin de la république du Rif.
1927 : avènement de Mohamed V
1953 : exil de Mohamed V
3 mars 1956 : rétablissement du sultan Mohamed, accession à l’indépendance
1961 : décès de Mohamed V, Hassan II accède au trône.
Septembre 1991 : fermeture du bagne de Tazmamart
28 mai 1992 : ratification du traité de 1972 délimitant la frontière avec l’Algérie
20 août 1994 : Hassan II décide que le tamazight sera enseigné à l’école primaire.
4 février 1998 : nomination du socialiste A. Youssoufi, comme Premier ministre
23 juillet 1999 : mort de Hassan II, enterré à Rabat ; avènement de Mohamed VI
1999 : retour d’exilés parmis lesquels A. Serfaty et la famille Ben Barka
10 octobre 2003 : réforme de la Moudawana (nom du code de la famille au Maroc, il est connu car il définit en particulier le statut personnel et successoral de la femme dans la société marocaine)
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Les langues du Maroc

A côté de l’arabe classique, la langue de l’éducation, de l’administration et des médias, la langue du quotidien au Maroc est l’arabe dialectal, ainsi que le tamazight (berbère), parlé dans le Rif, les Atlas et le Souss, et qui varie selon les régions. La langue étrangère la plus utilisée est le français. Viennent ensuite l’espagnol et l’anglais.

Le tamazight, la langue des Berbères
Le terme masculin amazigh signifie « homme libre ». Le féminin tamazight lui est généralement préféré pour désigner la langue. Le pluriel est imazighen.

L’arrivée des Imazighen au Maroc remonterait au néolithique. Leur origine est incertaine. Des documents archéologiques de l’égypte Ancienne attestent l’existence d’une écriture amazighe datant de 3000 ans avant J.-C. De nos jours, le berbère est parlé surtout dans les régions rurales et dans les villes, notamment depuis l’exode rural des années 1970. Exclusivement orale, la langue berbère se divise en trois langues ou dialectes :
- le tarifit ou langage zenatiya ;
- le tamazight ;
- le tachelhit.

Malgré leurs différences grammaticales et lexicales, ils présentent néanmoins des analogies : il n’y a ni article ni pronom relatif par exemple. La pratique de la langue berbère s’affaiblit dans les villes au fil des générations.

L’arabe classique
Cette langue s’est implantée au Maroc avec l’arrivée des conquérants arabes. L’arabe classique est la langue du Coran, ce n’est pas une langue maternelle. Il est employé dans les sphères religieuse, politique, administrative, juridique et culturelle. On le retrouve dans l’enseignement, les médias et toutes les activités à caractère savant ou élitiste. Cette langue permet de communiquer avec les autres pays arabophones.

L’arabe dialectal
L’arabe dialectal est la langue de tous les jours. Il ne peut être écrit, sinon sous forme de codes libres et non figés. C’est la langue maternelle des arabophones, langue de l’éducation et de la culture populaire. Étendu sur tout le territoire marocain, il unit les différentes communautés, elles-mêmes subdivisées par la variété des dialectes.

Le français
En 1912, sous le Protectorat, le français est proclamé langue officielle des institutions coloniales. L’arabe classique est alors enseigné en tant que langue secondaire dans seulement quelques lycées des villes impériales comme Fès, Rabat et Casablanca (voir La Civilisation, ma Mère !…). Le berbère est enseigné uniquement au lycée franco-berbère d’Azrou. Succédant aux autorités coloniales françaises, les élites au pouvoir au Maroc depuis l’indépendance ont choisi de maintenir l’enseignement du français aux côtés de celui de l’arabe classique.

L’espagnol
Les premiers Espagnols, des Andalous, arrivèrent au Maroc au XVe siècle. En 1885, des colons s’installent dans les provinces du Sud, puis en 1912 dans les provinces du Nord. La reprise d’Ifni et des provinces sahariennes, lors de l’indépendance du Maroc, a entraîné la fin de la prédominance de la langue espagnole, qui n’est plus pratiquée que dans les anciennes régions occupées du nord du pays et dans le Sahara occidental.
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Pour une exploration visuelle

• Le statut de la femme dans les milieux de tradition berbéro-musulmane à travers quelques films
- réalisés par des femmes
Les Silences du palais de la Tunisienne Moufida Tlatli, 1994
La jeune Alia est enceinte. Son compagnon lui demande d’avorter… Elle apprend alors la mort d’un prince, son ancien maître, chez qui elle a passé sa jeunesse. De retour au Palais pour les funérailles, elle revoit sa mère, esclave des habitants du palais qui l’ont achetée pour les servir, en tant que cuisinière, courtisane, danseuse… Alia est née de père inconnu, mais tout laisse à penser qu’elle est la fille naturelle du prince…

Ruses de femmes de la Marocaine Farida Benlyazid, 1999 (Maroc/ Suisse/ Tunisie/ France)
Lalla Aïcha est la fille d’un riche marchand. Orpheline de mère, elle a toujours été gâtée par sa nourrice, Dada, ce qui a fait d’elle une jeune femme capricieuse. Un jour, sur sa terrasse, en arrosant son basilic, elle fait la connaissance du fils du Roi. Il a un coup de foudre et elle est bouleversée. Mais elle n’admet pas qu’il soit si moqueur…

Rachida de l’Algérienne Yamina Bachir-Chouikh, 2002
Alger pendant les pires années de terrorisme. Rachida une jeune femme d’une vingtaine d’années est institutrice dans un quartier populaire. Un matin en se rendant à son travail, elle est accostée par quatre jeunes hommes, parmi eux, Sofiane, un de ses élèves qui lui ordonne de déposer une bombe à l’école. Rachida refuse, malgré la peur…

- réalisés par des hommes
Femmes… et femmes du Marocain Saad Chraïbi, 1998
Le Harem de Madame Osmane de l’Algérien Nadir Moknèche, 1999 (Algérie/France)
Alger 1993, au début de la guerre civile. Madame Osmane, abandonnée par son mari et hantée par la peur de perdre sa respectabilité, mène à la baguette son petit monde, « son harem », soignant ainsi ses frustrations.

Viva Laldjérie de l’Algérien Nadir Moknèche, 2003
Ce deuxième film de Nadir Moknèche, brise les nombreux tabous qui rongent encore l’Algérie. Il filme sans concessions le sexe, l’homosexualité et la vie quotidienne pas toujours rose de trois femmes d’Algérie et d’aujourd’hui. Un tournant dans le cinéma du pays.

• L’immigration à travers quelques films
- Mémoires d’immigrés – L’héritage maghrébin de Yamina Benguigui, 1997
Ce film est divisé en trois sous-parties intitulées successivement : « les pères »,
« les mères », « les enfants ».

- La blessure de Nicolas Klotz, 2005
Un film sombre sur les conditions de vie des immigrés clandestins africains

- Il était une fois dans l’Oued… de Djamel Bensalah, 2005
Dans un registre plus léger mais intéressant pour le renversement de situation qu’il propose, Djamel Bensalah a voulu montrer l’Algérie non pas comme un pays que l’on quitte mais comme une terre que l’on retrouve. Le personnage principal du film (Julien Béchir) est l’unique représentant de la communauté française d’origine dans sa cité. On assiste à une acculturation dans l’autre sens puisque ce personnage veut adopter les coutumes des personnages d’origine
algérienne du film.
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