LE VENTRE DE L'ATLANTIQUE
Fatou Diome

Parcours pédagogique

Étape 1 : étude de l’incipit

Les deux premières pages du roman (pp.11 et 12) sont importantes à étudier afin de faire repérer aux élèves les grandes caractéristiques de la narration :
- Le suspens tout d’abord. L’incipit in medias res nous plonge d’emblée au cœur d’un match de Coupe d’Europe à l’issue incertaine.
- L’humour ensuite. Dès les premières lignes, la narratrice déploie un savoureux comique de farce, plaçant d’emblée le récit sous le signe de l’auto-dérision. Elle n’est d’ailleurs pas là où on l’attend, car la passion pour le football est bien éloignée du paradigme de l’écrivain contemporain. Son goût du jeu sur les mots apparaît déjà avec avec les pirouettes verbales autour des différents « virus » rencontrés page 12.
- La bipolarité énonciative : l’ici et l’ailleurs. Les élèves repèreront que la narration se fait à la première personne, et que la narratrice est porteuse d’une double identité, à la fois française et sénégalaise. Le football est présenté comme un des sésames qui permettent de passer d’un monde à l’autre, de l’Europe à l’Afrique. Pour donner à entendre le contraste entre les modes de vies, l’écriture joue d’une rupture rythmique frappante : l’Europe avance au rythme effréné des passes de football, incarné par des termes monosyllabiques ponctués de dentales dures : « Il court, tacle, dribble, frappe, tombe » (p.11). Le « tango du rêve » des cocotiers de Niodior s’étire au contraire en de longues phrases non ponctuées, dont les douces assonances (en [an] et [on] par exemple) semblent s’engendrer elles-mêmes : « les cocotiers qui balancent leur chevelure dans une nonchalante danse païenne dont on ne sait plus la raison » (p.12).
- Le dialogue avec le lecteur, exprimé dans un style très oral, s’amorce aussi avec vigueur page 12 : «  Pourquoi je vous raconte tout ça ? J’adore le foot ? Pas tant que ça. Alors, je suis amoureuse de Maldini ? Mais non ! ».
 
L’extrait des pages 13 et 14 (« Voilà bientôt dix ans que j’ai quitté l’ombre des cocotiers…la nuit je mijote des rêves trop durs à cuire ») nous semble particulièrement intéressant à aborder dans le cadre d’une étude linéaire.
La minutie de l’écriture s’y met en effet au service d’une réflexion magnifique sur la différence des cultures vécue de l’intérieur lors de l’exil.
Ce passage file admirablement la métaphore du chemin pour démarquer les vies sénégalaises et françaises de la narratrice. La métaphore du chemin est un topos des réflexions sur la destinée. Mais Fatou Diome se la réapproprie par le recours à une écriture cinématographique : les premières lignes de l’extrait font la part belle aux sensations, qui assurent le passage d’un univers à l’autre par un raccord visuel sur le pied de la marcheuse. Dès lors, le rythme effréné de la compétition européenne donne aux protagonistes l’allure des hommes robotisés des Temps Modernes de Charlie Chaplin. A la fin du passage, l’écriture est désignée comme seule issue, une « marmite de sorcière » où les rêves qui n’ont pas de place dans la froideur rationnelle d’un destin subi trouvent un espace pour se forger et s’exprimer.
Ce texte peut également constituer un point de départ fécond pour une réflexion sur les conceptions du temps et du destin dans différentes cultures en éducation civique. En effet, le point de vue ethnocentriste selon lequel l’Occident incarnerait une certaine efficacité est ici battu en brèche : l’inhumanité d’un temps où tout est compté, et qui, loin de rendre l’homme maître de son destin, semble l’en déposséder, est vilipendée. Et le « sillage du destin, fait de hasard » des déambulations africaines, est aussi celui d’un « espoir infini », aux antipodes des clichés sur le « fatalisme » de certains pays émergents.

Étape 2 : un double roman d’apprentissage

Il nous semble important de conduire les élèves à bien cerner comment est construit le roman, et comment les personnages évoluent au fil du récit.
 
a. Repérer les indications temporelles et l’imbrication des récits
Le récit-cadre se déroule sur 2 ans, mais n’occupe que les chapitres qui sont au seuil du roman.
Le cœur du récit est un long flash-back (ou analepse) qui plonge le lecteur dans le passé de la narratrice et des personnages qui ont croisé son destin.
Un des principes de construction du récit est la dissimulation, puis la révélation progressive d’un secret. Les personnages vont ainsi gagner en épaisseur de page en page. Ainsi, le personnage de vieux pêcheur s’étoffe-t-il de chapitre en chapitre. D’abord hôte indésirable des soirées de matchs, il revêt le visage de l’ancien champion de boxe qui n’a pas reconnu un fils naturel devenu un des plus grands footballeurs français. Plus tard, il resurgit sous les traits de l’effrayant père de Sankèle, bourreau rendu sanguinaire par la tradition. Les dernières pages le retrouvent plus apaisé, prêt à fraterniser avec Ndétare, l’instituteur qui l’avait déshonoré, le temps de la victoire sénégalaise en huitième de finale de la coupe du monde.
 
b. Le parcours des deux personnages principaux.
- Madické.
Doué pour le football, il ne rêve que de s’exiler dans l’Eldorado français. Son aspiration sera encouragée par ses camarades. Ndétare et Salie, de leur côté, vont déployer des trésors d’intelligence pour tenter de le dissuader de ce projet, mettant en œuvre une véritable « rhétorique anti-émigration » (p.139). Finalement, c’est quand Salie, tout en lui donnant les moyens financiers de devenir autonome à Niodior, se tait, le laissant libre de sa décision, qu’il comprend l’intérêt de rester sur son île. Et la démarche mentale qui lui a permis d’accomplir ce parcours restera secrète au lecteur et à la narratrice. Un bel éloge de la confiance en l’autre et du libre-arbitre.
- Salie, la narratrice.
Sa condition d’exilée permanente elle l’a, paradoxalement, choisie. Pas à pas, elle retrace l’itinéraire de sa conquête de la liberté. Bâtarde, elle échappe à une mort certaine grâce à sa grand-mère. Durement battue par cette femme pourtant très aimante, elle « vole »  le droit d’aller à l’école. Au collège, elle résiste aux épreuves de la solitude (notamment les violences sexuelles du marabout chez sa tutrice, Coumba). Elle sort ensuite la tête haute de son divorce et s’acclimate à la vie strasbourgeoise. L’écriture est pleinement rédemptrice, lieu d’expression des souffrances et des rêves (cf. « La mise en scène de l’écriture »).   

Étape 3 : le rôle du football dans la construction du roman 

Il serait fructueux que les élèves préparent cette séance en réfléchissant chez eux au rôle assigné au football dans l’économie du roman.
 
La télévision qui retransmet les matchs de football agit véritablement comme un miroir qui permet de passer de l’autre côté de l’Atlantique, autorisant une communion de pensée de la narratrice strasbourgeoise avec les Niodiorois. Mais son rôle de s’arrête pas là : elle catalyse les rêves de réussite européenne des jeunes Sénégalais, qui se voient déjà recrutés par de grands clubs français.
Ainsi la réussite sportive de certains (comme le fils du vieux pêcheur) en berce-t-elle beaucoup d’autres d’illusions, à commencer par Madické, le frère de la narratrice. Mais la description précise de l’aventure de Moussa dans les clubs français est l’occasion d’une peinture au vitriol du racisme ordinaire à l’œuvre dans les vestiaires peu glorieux des stades de l’hexagone.
A la fin du roman, l’évolution des goûts sportifs des jeunes Niodiorois métaphorise heureusement la métamorphose intérieure qui s’est opérée en Madické. En effet, les jeunes gens s’intéressent subitement à l’équipe nationale, délaissant l’équipe française qui a été terrassée par les « lions » sénégalais lors de cette coupe du monde. Et dans le même temps, le projet de Madické a mûri : il va chercher son bonheur sur la terre qui l’a vu naître, et non pas en France.
L’inégalité Nord –Sud trouve par ailleurs des échos jusque chez les supporters des matchs de football, qui n’ont pas le droit au bonheur de la même manière selon qu’ils sont Français ou Sénégalais : la narratrice vilipende sans concession la police française qui a réprimé les manifestations de joie des Sénégalais établis en France lors de ces victoire en coupe de monde.
Sans perdre sa lucidité sur les excès propres à ce sport (p.240 par exemple), la narratrice insuffle à ses récits de retransmission de matchs un souffle épique qui cherche sans doute à se faire l’écho de l’enthousiasme des jeunes spectateurs niodiorois.
Cet éloge littéraire du football pourra trouver des échos dans Le village Fou[1] de Koffi Kwahulé, La divine colère[2], d’Eugène Ebodé, ou Banlieue noire [3]de Thomté Ryam.
 
L’étude du récit de la finale de la coupe d’Europe 2000, pages 218 -219, est particulièrement intéressante à cet égard (« Sous l’arbre à palabres…Toldo, qui les attendait de pied ferme »).
D’une manière assez classique, la métaphore guerrière est filée tout au long de l’extrait («  les barricades », « l’assaut »), mais l’admiration se double d’un regard amusé sur la rage de vaincre qui anime les joueurs. Une certaine exagération met à distance le grandissement épique à l’œuvre : « Qui marche vers Dieu se moque d’écraser un roi ! » lit-on ainsi à propos de la détermination de Zidane face à Maldini. Au cœur de la bataille, l’énergie déployée prend métaphoriquement les reflets fantastiques de l’amplification épique (« Il expédia une boule de feu incendier les filets de Barthez »). Mais les comparaisons peignent aussi les joueurs sous les traits de véritables fauves, non sans un certain humour : Barthez et Toldo gardent « une vigilance de tigre affamé ». Delvecchio prend les traits d’un taureau « qui voit rouge ». Et de Zidane, sauvage en quête de scalpe, on apprend que « Les longs cheveux de Maldini, il voudrait s’en faire une perruque ».
On notera aussi qu’à la jubilation guerrière des joueurs et des spectateurs, fait écho une intense jubilation verbale. Les mots s’engendrent dans un rythme endiablé (la balle se métamorphose successivement en « bulle de savon », « boule de feu », puis « nerfs en boule »). Des expressions figées sont détournées avec humour pour traduire la soif de gagner («  Œil pour œil, dents pour mordre la pelouse »).

Étape 4 : une parole à écouter - étude de l’énonciation

L’étude peut démarrer d’une simple question : qui parle ? À qui ? Comment ? Pourquoi ?
Cela permettra d’aborder avec les élèves le dialogue instauré entre narratrice et lecteur (cf. « Le dialogue avec le lecteur »), ainsi que la circulation de la parole au niveau intradiégétique (cf. « Vrais et faux récits »).
On pourra enrichir cette approche en invitant les élèves à s’interroger sur la légitimité de la parole : qui a le droit de parler dans la société décrite par Fatou Diome ?
- Parmi les émigrés, seuls ceux qui ont « réussi » comme l’Homme de Barbès ou Yaltigué conquièrent le droit de raconter leurs faits d’armes à un public. Moussa sera quant à lui condamné au silence.
- Les femmes aussi se voient rarement autorisées à prendre la parole. Sankèle et sa mère se mureront dans le silence après le meurtre du bébé[4]. Et il n’est pas innocent que la narratrice, dès son enfance, ait été fascinée par Sokhna Dieng, «  Une femme qui avait droit à la parole ! » (p.189).

Étape 5 : la critique de la religion

La connivence établie avec le lecteur est susceptible de le rendre d’autant plus sensible à la plume incisive de l’auteur. Si la religion musulmane est au cœur du débat, les allusions à la culture religieuse chrétienne sont pléthore, témoins des multiples identités de la narratrice.
Un humour caustique met à distance la religion, notamment lorsque la narratrice regarde des matchs de football. Elle s’insurge contre l’inefficacité des joueurs italiens : «  Bon alors, vous allez vous remuer oui ? Et les prières ? Et le ramadan ? Vous croyez que j’ai fait tout ça pour rien, moi ? «  (page17). L’humour devient plus accusateur lorsque Salie décrit les nombreux impayés auxquels doit faire face Nodou, qui gère le télécentre (p.35) : «  les prières des vieilles personnes valent mieux que des billets de banque, dit-on ici. Et si les anges faisaient un peu de comptabilité ?  En monnaie de prière, combien coûtent (…) un kilo de riz (…) ou une ordonnance contre la malaria ? »
La dénonciation des déviances religieuses passe également par le récit éducatif qui a valeur d’apologue lorsque Salie se décide à confier à son jeune frère les tourments endurés à cause du marabout de Gnarelle.
Enfin, une réflexion apparentée à l’essai stigmatise le nouvel asservissement imposé subrepticement aux Sénégalais par les fondamentalistes musulmans (p.188).

Étape 6 : l’ambivalence des proverbes

Travail préparatoire à faire à la maison : relever dans le roman une dizaine de proverbes, en expliquant le rôle qu’ils jouent dans le roman.
 
Fatou Diome choisit de faire un usage très particulier des proverbes, souvent présentés comme caractéristiques de l’oralité africaine. Ils jouent un rôle fondamental dans l’économie du roman, et incarnent d’une manière extraordinairement concentrée une véritable bataille idéologique qui utilise les jeux sur la langue à ses fins.
 
Les proverbes à l’œuvre dans le texte peuvent ainsi se diviser en deux catégories : les proverbes hérités de la culture traditionnelle, qui entérinent et justifient des situations douloureuses d’asservissement et de soumission s’opposent aux proverbes créés de toutes pièce par la narratrice, souvent caustiques, pour tordre le cou aux idées reçues et se libérer par le verbe.
 
Parmi les proverbes à mettre au rebut, on peut citer : « L’âne n’abandonne jamais le bon foin » (p.60), rappelé par les villageoises à la narratrice pour justifier le départ de son mari, ou le « Berger sans taureau finira sans troupeau » asséné page 145 à la pauvre Simâne, mère de sept filles, pour donner raison à son mari devenu polygame. Mais le proverbe essentiel du roman est celui que tous les candidats à l’émigration forcée emportent pour seul bagage, et qui rythme le récit comme un leitmotiv : « Chaque miette de vie doit servir à conquérir la dignité ». Ces paroles justifient tous les sacrifices consentis par les jeunes envoyés en Europe, et se rappellent à eux chaque fois qu’ils seraient tentés d’échapper à leur condition. La narratrice va jusqu’à comparer ces proverbes à de véritables prisons : la vieille Coumba se trouve « encerclée par le mur de son proverbe » (p.153).
 
Les néo-proverbes de la narratrice s’opposent vigoureusement au verbe traditionnel, tant par les idées qu’ils défendent, que par leur forme souvent teintée d’humour. Ce sont de véritables éloges de la liberté d’être et d’écrire. On lit ainsi page 171 : « Même assoiffé d’affection, on n’embrasse pas les oursins » ou « Le secret est un lait sur le feu, il finit par se répandre si l’on n’y prend pas garde (page 58). L’oasis dans le désert est également une figure récurrente (« Qui tire la langue dans le désert ne s’arrête pas à deux pas de l’oasis ! ») p.154.

Étape 7 : destins tragiques : figures de femmes

De magnifiques figures de femmes constellent le roman.
Les plus nombreuses sont les victimes muettes : la première épouse de « l’Homme de Barbès », choisie car « une jeune épouse, c’est moins cher qu’une bonne » (p.32) ; la « jeune fille de Fimela », vendue par son père à seize ans au riche Yaltigué pour honorer sa dette ; les « Vénus noires » qui épousent de vieux occidentaux (p.200).
S’y opposent des résistantes à l’ordre établi, qui vont aller à l’encontre des traditions oppressantes relayées par leurs paires. La première que l’on rencontre est la grand-mère, qui sauve la narratrice bébé d’une mort certaine, malgré le déshonneur encouru, et ne s’oppose pas à sa scolarité. Viendra ensuite la superbe Sankèle, qui ose aimer librement Ndétare, sans se confirmer au sordide mariage arrangé par son père avec l’Homme de Barbès. Elle refuse d’être « modelée comme du beurre de karité (p.31). La confrontation de la jeune fille avec son père (p.128), ainsi que le récit du meurtre du nouveau-né seront particulièrement intéressants à étudier, le premier pour sa dimension théâtrale, le second car la révolte y gronde derrière de pathétique.

Étape 8 : l’ambivalence de la métaphore océane

On peut suggérer aux élèves de réfléchir au sens du titre pour aborder l’analyse de cette métaphore filée tout au long du roman. De nombreux indices sont disséminés au fil des pages, pour trouver un point d’orgue à l’évocation dans les derniers mots du roman ( pages 254-255).
 
Ce titre, Le Ventre de l’Atlantique, suggère tout d’abord que l’océan peut se faire dévoreur d’hommes, et c’est maintes fois le cas dans le roman. Il engloutit le nouveau-né de Sankèle quelques heures après sa naissance, et Moussa s’y noiera. C’est aussi le sort qui attend de nombreux pêcheurs. La narratrice se plaît à rappeler avec cruauté que pour l’opulent propriétaire de bateaux de pêche qu’est Yaltigué Wagané, «  la mort de certains de ses employés l’avait moins affecté que la perte d’un filet. Après tout, des hommes pauvres, prêts à fouiller le ventre de l’océan Atlantique pour trouver leur pitance, il y en aurait jusqu’à la fin de temps ». Braver la mort pour survivre : le titre de ce roman a souvent été considéré comme prémonitoire de la tragédie des candidats à l’émigration embarqués sur des bateaux de fortune au large du Sénégal.
L’île de Niodior, en contact permanent avec l’eau, est constamment désignée comme « une gencive », filant la métaphore de la dévoration.
C’est aussi de l’Atlantique que vient la « brise nauséabonde » qui métaphorise la rumeur meurtrière qui acculera Moussa au suicide (p. 110).
Mais l’image de l’océan demeure ambivalente. Il a en effet été un lieu de refuge pour deux amoureux exclus de la société dont la légende raconte qu’ils se seraient transformés en dauphins. Et pour la narratrice, c’est l’espace d’une navigation incertaine, mais libre. Son errance émotionnelle est souvent métaphorisée par l’image d’un bateau. Ainsi sa grand-mère est-elle « le phare planté dans le ventre de l’Atlantique pour redonner, après chaque tempête, une direction à [sa] navigation solitaire » (p.190). Autre métaphore essentielle de la quête de l’héroïne : l’algue (p.254).
 
L’excipit du roman, aux pages 254 et 255, décline avec une grande poésie la destinée que se fixe la narratrice, refusant d’être d’un rivage ou de l’autre, mais naviguant librement entre les deux. Aux couleurs tranchées des drapeaux nationaux, elle préfère la douceur d’une encre mauve, qui concilie la chaleur du rouge et la froideur du bleu.
Cette « ode » à la liberté célèbre une écriture rédemptrice et apaisée. Au terme du récit, le ventre de l’Atlantique n’est plus celui qui engloutit les amants malheureux ou les pêcheurs infortunés, mais la métaphore d’une libre circulation d’un continent à l’autre : « Partir, vivre libre et mourir, comme une algue de l’Atlantique ».


[1] Koffi Kwahulé, Le Village Fou, Accoria, 2000. Monsieur, jeune étudiant africain, imagine les habitants d’un village hors norme, seul dans sa chambre de bonne parisienne. L’évocation des matchs de football constituent des moments particulièrement fiévreux de ces récits.
[2] Eugène Ebodé, La divine colère, Gallimard, « Continents Noirs », 2003. L’ancien footballeur y transmet son amour du ballon rond dans un roman vibrant tout entier consacré à cet univers exaltant mais parfois aussi risqué.
[3] Thomté Ryam, Banlieue noire, Présence africaine, 2006. Le destin de Sébastien, jeune habitant d’un quartier sensible. Son talent pour le football le prédispose à une ascension fulgurante, mais de nombreux obstacles vont entraver ce parcours.
[4] Xavier Garnier souligne dans son article (Garnier, Xavier, « L’exil lettré de Fatou Diome », Notre Librairie, n°155-156, juillet-décembre 2004, pp. 30-35) que le meurtre du bébé, exercice du pouvoir se passe d’ailleurs de paroles.